Si vous avez entendu que la gestion du varroa n’était pas un problème, sachez que c’est faux!
La gestion du varroa n’est pas un problème, c’est le problème numéro 1 en apiculture.
Et pour le traiter, deux molécules bénéficient d’une AMM (autorisation de mise sur le marché) sont très populaires: l’acide oxalique (apibioxal) et l’amitraze (apivar).
Je vais vous montrer dans cet article quels sont les avantages et inconvénients à utiliser ces deux méthodes.
Seuls 10% des apiculteurs pensent que leurs pertes de ruches hivernales sont dues au varroa.
Cette quantité est largement sous-estimée et la réalité se situe probablement au delà des 50%…
Une colonie non-traitée contre le varroa est condamnées au bout de 6 mois à 2 ans.
Voilà ce que vous risquez de retrouver l’année suivante après un non-traitement ou un mauvais traitement
Peu d’apiculteurs maitrisent correctement la dynamique du varroa
Et beaucoup de traitements existent.
Certains bénéficient d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) et sont vendus légalement.
D’autres sont interdits ou tolérés lorsqu’ils n’ont pas d’AMM.
Vous êtes complètement perdus…
À écouter certains, chacun d’eux a une solution performante et meilleure que toutes les autres.
Pourtant, demandez-leur combien ils ont perdu de ruches cet hiver…
Si ce chiffre dépasse les 30% de leur cheptel, je vous conseille de ne pas les écouter.
Et encore cette fourchette est une fourchette basse.
Beaucoup perdent 60% à 70% de leur cheptel chaque année…
Parmi toutes ces méthodes deux sont extrêmement populaires…
Le traitement flash à l’acide oxalique (apibioxal) et le traitement à l’amitraze (Apivar).
Le traitement à l’amitraze était jusqu’à récemment le traitement le plus populaire.
Mais le traitement à l’acide oxalique gagne de plus en plus d’adepte au fur et à mesure des années.
Voyons quels sont les avantages et les inconvénients de chaque traitement….
Lequel de l’acide oxalique ou de l’amitraze est le meilleur traitement?
Pour comparer toutes les méthodes de traitement du varroa, une étude colossale a été menée par l’ADAFRANCE.
Elle a été depuis retirée car elle publiait des études de traitement sans AMM.
Elle regroupait 40014 mesures sur plus de 10 ans (en utilisant l’indicateur VP/100ab) sur toute la France!
Toutes ces données ont été compilées et analysées dans une étude.
J’y ai eu accès et je vous ai réuni tout ce que j’ai retenu dans cette publication.
Eliminer le varroa avec un traitement à l’amitraze
Le traitement à l’amitraze était encore récemment le mode de traitement par défaut du varroa.
Et ce n’est pas pour rien…
Il était jusqu’alors relativement efficace, facile à mettre en place et disposait d’une AMM avec le médicament Apivar.
En revanche, il faut plusieurs générations de couvain avant que tout le varroa entre en contact avec l’amitraze.
C’est un traitement longue durée.
Comment et quand l’utiliser?
Son utilisation est très simple.
Il suffit de disposer deux bandelettes imprégnées d’amitraze sur le couvain après la miellée d’été (juillet-août) pendant 10-12 semaines seulement, pour éviter la résistance du parasite.
Les abeilles qui portent un varroa phorétique viennent se frotter contre les bandes.
Pour le varroa, c’est un neurotoxique qui finit paralysé et meurt à son contact.
Disposition de lanières Apivar dans la colonie
L’amitraze est de plus en plus contesté.
Beaucoup d’apiculteurs professionnels se détournent de cette molécule.
Voici 4 raisons pour lesquelles les apiculteurs évitent de plus en plus l’amitraze.
1. L’amitraze est cher
Avec le médicament Apivar (avec AMM) comptez 2 lanières à 3 euros par colonie, soit 6 euros.
2. L’amitraze est toxique pour l’homme
L’amitraze est aussi un poison dangereux pour l’homme.
Il est associé à plusieurs scandales sanitaires, notamment dans les pays en voie de développement.
Et on retrouve aussi des traces de la molécule dans les cires.
Une étude a montré que 40 % des cires étaient contaminées par l’amitraze en France.
3. Le varroa peut résister à l’amitraze
Les résultats sont variables selon les ruchers.
Il fonctionne encore bien dans certains ruchers,
Mais parfois c’est une hécatombe.
Si la souche de varroa présente dans le rucher résiste, jusqu’à 100% des colonies peuvent mourir.
4. Vous ferez des abeilles infectées par le varroa pour l’hiver
Le traitement étant appliqué en fin de saison, il faudra plusieurs cycles de couvain pour éliminer la majorité du varroa.
Ce détail est important qui donnera des abeilles plus faibles pour préparer l’hiver.
Je vous explique tout ça en détail dans la partie sur l’acide oxalique…
Eliminer le varroa grâce à l’acide oxalique
C’est la méthode que j’utilise avec succès depuis plusieurs années.
L’acide oxalique bénéficie depuis peu d’une AMM avec le médicament Apibioxal.
Mais il était longtemps fabriqué par les apiculteurs en faisant un sirop à base de sucre d’eau et d’acide oxalique dihydrate.
C’est une méthode flash, qui élimine la quasi totalité du varroa en 4 jours s’il est bien fait.
Et j’insiste, cette méthode demande plus de manipulations et un calendrier plus stricte que la méthode à l’amitraze.
Si cela est mal fait, alors la méthode est inefficace.
Comment et quand l’utiliser?
J’explique toute la méthode dans un article sur le blog.
Traitement à l’acide oxalique par pulvérisation (dégouttement)
Concrètement, quels sont les avantages comparé au traitement à l’acide oxalique?
Ce traitement n’a à peu près que des avantages comparé aux lanières Apivar et j’y réponds point par point:
1. L’acide oxalique est bon marché
Vous pouvez fabriquer vous-même avec de l’eau, du sucre et de l’acide oxalique dihydrate, pour quelques centimes par litre…
2. L’acide oxalique est utilisé en bio
Le traitement à l’acide oxalique est utilisé en agriculture biologique.
L’acide oxalique est un produit naturel qui se trouve par exemple dans le miel, la rhubarbe ou l’oseille.
Il n’y a pas non plus de trace dans le miel ou la cire d’acide oxalique même après une utilisation massive du produit.
3. Il n’y a pas de traces de résistances du varroa à l’acide oxalique
Pour l’instant, aucune étude, et aucune observation n’ont montré que le varroa résistait à l’acide oxalique.
4. Vous ferez des abeilles déparasitées pour l’hiver
Ce dernier point est essentiel.
Sachez qu’à partir de mi-aout, les abeilles d’hiver vont naitre et vivre plusieurs mois jusqu’au printemps.
Lors d’un traitement aux lanières Apivar, le varroa va être éliminé après plusieurs cycle de couvain.
Il va décroitre lentement fin-aout jusqu’à début octobre.
Or, le nombre d’abeilles d’hiver naissant pendant cette période est significatif.
Vous risquez de donner naissance à des abeilles d’hiver, dont une partie aura été affectée par le varroa.
A l’opposé, le traitement flash à l’acide oxalique permet d’éliminer la majorité du varroa en quelques jours.
Il permet de redémarrer avec une population et un couvain sains après le traitement de fin de saison (août).
Vos abeilles seront saines pour pour passer l’hiver!
Ce traitement de fin de saison étant fait, le varroa va tout de même se redévelopper à l’automne.
Donc un dernier traitement en hiver à l’acide oxalique est indispensable en hiver pour que votre colonie survive.
Quantité de VP/100ab
(En rouge traitement par encagement + AO et en bleu lanières Apivar).
Les pics de varroas phorétiques en juillet et novembre sont dus à l’arrêt de ponte (cage scalvini en juillet et arret de ponte naturel d’hiver) : tous les varroas sont libérés du couvain et sont sous forme phorétique.
Ensuite, la quantité de varroas phorétiques baisse drastiquement après les traitement à l’AO (2 en août et 1 en novembre-décembre) contrairement au traitement à l’apivar qui nécessite plusieurs semaines.
Faut-il aussi faire un traitement d’hiver?
Il n’est pas possible de s’affranchir d’un traitement d’hiver quel que soit le traitement (apivar ou apibioxal).
Le nombre de varroas résiduels est encore trop nombreux pour passer l’hiver.
Les populations se redéveloppent à l’automne et ne permettent souvent pas passer en dessous de la barre des 5O varroas/colonie lors de l’arrêt de ponte hivernal.
Un traitement hivernal permet de faire redescendre la quantité de varroa à quasi 0 varroas phorétiques pour 100 abeilles (0VP/100ab) en sortie d’hiver.
Pourquoi redescendre à moins de 50 varroas par colonie pendant l’hiver est-il indispensable?
Parce que l’étude de l’ADAFRANCE a montré qu’à partir de 0.5VP/100ab à la mi-avril, il est est quasi impossible de ralentir la dynamique du varroa pendant la saison.
Le seuil des 3VP/100ab avant la miellée d’été (à partir duquel la colonie est menacée) risque d’être atteint et préjudiciable pour les colonies.
Vous devez absolument essayer d’avoir quasi 0VP/100ab à la sortie de l’hiver.
En quoi consiste ce traitement?
Il s’agit simplement de faire un seul passage flash à l’acide oxalique (non pas deux comme en été!).
Le traitement doit se dérouler lors de l’arrêt de ponte qui dure quelques jours à quelques semaines entre novembre et décembre.
Pour résumer…
Quel est le meilleur traitement de fin de saison?
Le traitement à l’amitraze est plus simple à mettre en oeuvre.
Mais à part ça, tout penche pour l’acide oxalique!
Le prix, le bio, la qualité des abeilles et l’efficacité du traitement!
Alors pourquoi vous priver!
Le traitement d’hiver vient en complément quel que soit le traitement de fin de saison.
Les traitements de fin de saison et d’hiver n’ont chacun pas le même objectif…
Le traitement de fin de saison permet l’élevage d’abeilles déparasitées avant l’hiver.Le traitement d’hiver permet de réduire le foyer existant après le redéveloppement automnal du varroa pour passer l’hiver et redémarrer à quasi 0VP/100ab en début de saison suivante