Vous avez peut-être réussi à hiverner quelques ruches jusqu’à ce printemps.
Les pissenlits, les colza, et les acacias sont en fleurs…
Vous vous dites:
« Ca y est, cette année c’est la bonne, tout le monde dit que c’est prometteur, je vais enfin produire du miel »
En ouvrant vos ruches , vous voyez les cadres blindés de miel.
Le couvain forme de grandes plaques ou des demi-couronnes concentriques operculées.
Tous les signaux sont au vert …
Vous décidez de placer une hausse sur chacune de vos ruches.
Pendant plusieurs jours, le soleil est au beau fixe.
Vous vous imaginez vos butineuses absorber le nectar dans les fleurs.
Vous imaginez les hausses se remplir pendant que vous vous endormez le soir.
Après quelques jours, vous pensez à doubler la mise en rajoutant une seconde hausse…
Vous retournez au rucher pour le faire.
En y allant, vous remarquez trois grappes d’abeilles, grosses comme des ballons de football, accrochées aux arbres environnants.
« Hum étrange »
Lorsque vous ouvrez vos 10 ruches, seulement 3 ont rempli une hausse de miel.
Les 7 autres restent désespérément vides d’abeilles et de miel.
Que s’est-il passé?
Vos colonies ont essaimé!
On entend souvent parler d’essaimage au printemps.
Mais comment expliquer ce phénomène.
Et surtout comment l’éviter?
Car une colonie qui essaime, c’est une récolte divisée par 2 ou 3…
L’essaimage naturel, quésaco?
Une colonie constitue une sorte d’unité biologique, organisée en castes.
Ces castes (ouvrières, reine et faux-bourdons) sont incapables de vivre ou de se reproduire seules.
Les abeilles assurent leur reproduction par une division spéciale.
On parle alors d’essaimage naturel ou simplement d’essaimage dans le langage courant.
Pour l’empêcher essayons de comprendre ce qui a pu se passer dans votre rucher.
1. Ce qui déclenche l’essaimage naturel
Au printemps, la ponte est relancée par les fortes miellées.
Colza, pissenlit et acacia remplissent les alvéoles à grandes vitesse.
La colonie se développe tambour battant.
La ruche est en effervescence.
Le nombre d’abeilles est chaque jour plus important
La colonie finit par occuper tout l’espace.
Elle est sur le point d’exploser.
Les cadres sont saturés de nectar en partie haute et recouverts de couvain en partie basse.
La colonie n’a plus de place pour se développer.
L’essaimage se déclenche…
Voilà un cadre magnifique: couvain operculé, provisions, tout y est!
Mais il peut cacher la menace de l’essaimage naturel.
2. Elevage des cellules royales
C’est le moment de bâtir des cellules royales.
Les ouvrières cirières allongent plusieurs longues cellules royales en forme de doigt en bas et sur les côtés des cadres.
Les ouvrières nourricières régurgitent de grandes quantités de gelée royales depuis leurs glandes hypopharyngiennes et mandibulaires pour les futures reines.
Plusieurs cellules royales, bien allongées sont élevées en bordure de couvain
Pendant la préparation de l’essaimage, les ouvrières peuvent ralentir leur activité.
Elles se pendent en grappe et font la barbe.
Elles paraissent alors désoeuvrées.
C’est la fièvre de l’essaimage.
Les abeilles forment une grappe magnifique ici en se pendant à la planche de vol.
Ce peut être le signe d’un essaimage prochain
3. Départ de l’essaim primaire
Quelques jours jours après la ponte de l’oeuf les cellules royales s’operculent.
La colonie se divise en deux.
Une moitié reste dans la ruche avec les cellules royales encore operculées.
L’autre moitié décolle de la ruche pour former un nuage avec l’ancienne reine.
Elle forme un volume de plusieurs dizaines de mètres cubes.
Les ouvrières, gorgées de miel et les mâles accompagnés de la vieille reine fécondée tourbillonnent à quelques mètres du sol.
Puis, ils se condensent comme une goutte d’eau en une grappe de quelques litres au bout d’une branche : c’est l’essaim primaire.
Un essaim sauvage que vous pouvez récolter si vous le pouvez mais qui aura vidé une partie de votre colonie…
4. Eclosion des cellules royales
Une semaine après le départ de l’essaim primaire, une première jeune reine vierge nait.
Dans ce cas, 2 situations sont possible :
1. La jeune reine vierge éclose tue ses soeurs avant leur éclosion ou leur livre un combat à mort sur les rayons.
La reine victorieuse se fera féconder 8 jours plus tard et commencera à pondre 10 jours après sa naissance : un seul essaim aura quitté la ruche.
C’est le cas le plus favorable!
une cellule royale éclose est ouverte avec une ouverture bien circulaire
2. La jeune reine vierge éclose tolère ses soeurs enfermées
Pendant ce temps, les ouvrières nourrissent les reines séquestrées dans les cellules royales par une brèche…
A ce moment là, un essaim secondaire, tertiaire voire quaternaire peuvent quitter la ruche.
La ruche peut complètement se vider, anéantissant la récolte.
Les essaims pendent aux arbres.
Vous êtes désespéré de les avoir laissés partir avec toutes vos butineuses…
Vous vous direz :
« Le miel, ce sera pour l’année prochaine… »
Arrivé à ce stade, il ne vous restera plus que vos yeux pour pleurer…
Comment empêcher l’essaimage naturel
Vous pouvez empêcher l’essaimage.
Il existe des techniques pour celà.
Il s’agit d’éviter que l’essaimage se déclenche en amont.
Je vais vous montrer comment éviter de perdre encore une fois votre récolte.
J’ai résumé dans cet article, 6 solutions pour éviter l’essaimage.
Suivez le guide!
Solution 1 : détruire les cellules royales
Chaque semaine vous allez inspecter vos cadres et détruire les cellules royales.
En l’absence de de cellules royales, l’essaim primaire ne partira pas.
En revanche, si vous avez le malheur d’oublier une cellule royale…. Tant pis pour vous!
C’est une technique très gourmande en temps.
Je ne la conseille pas car il existe beaucoup mieux…
Il est facile de confondre la cellule royale avec le couvain et de l’oublier
Solution 2 : poser des hausses
Lorsque la miellée est forte, la colonie peut se bloquer en nectar, qui sature toutes les alvéoles.
Mettre une hausse sur votre ruche permet d’augmenter naturellement la place dont disposent les abeilles pour stocker le nectar.
Cela évitera partiellement l’arrêt de ponte.
En plus de cela, vous pourrez récolter le miel quelques jours après.
Les hausses permettent de soulager la ruche en créant des espaces de stockage pour les provisions
Solution 3 : retirer des cadres de provisions
C’est un peu le même principe que la technique précédente.
En enlevant des cadres de provisions, vous libérez de la place pour le stockage.
Les ouvrières peuvent de nouveau bâtir et la reine pondre.
A la place, vous pouvez disposer des cadres bâtis ou des cadres de cire gauffrée.
Deux cadres neufs de cire gaufrée (ici en clair) sont introduits en rive à la place des cadres de de provision (PS : tout à droite, il s’agit d’une partition et non d’un cadre)
Solution 4 : Changer vos reines
Une reine de 3 ans essaime 3 fois plus qu’une reine d’1 an.
En changeant vos reines tous les ans ou tous les 2 ans, vous réduisez le risque d’essaimage.
En bonus, vous aurez aussi des reines plus performantes et une ponte plus dynamique.
Une jeune reine (un ou deux ans) essaime moins qu’une vieille reine
Solution 5 : Clipper vos reines
Cette technique était déjà connue des romains.
Clipper la reine signifie que vous lui coupez une aile en biseau.
Lors du départ de l’essaim primaire, c’est la vieille reine qui doit partir avec une partie de la colonie
Une reine clippée tombera par terre lors de l’essaimage.
Incapable de s’envoler, elle rentrera dans la ruche avec le reste de l’essaim.
En clippant votre reine, vous pouvez la conserver plus longtemps et conserver davantage d’abeilles dans votre colonie
Solution 6 : Produire des essaims artificiels
C’est le meilleur moyen d’éviter l’essaimage naturel.
Moins de cadres de couvain signifie plus de place dans le corps de ruche et moins d’abeilles.
En plus de soulager des ruches trop populeuses et pleines de couvain, vous valorisez ces cadres de couvain pour faire des essaims.
Voilà à quoi ressemblent un essaim artificiel avec une cellule royale
Conclusion
Sans prévention de l’essaimage, dites adieu à votre récolte!
Ne pas maitriser l’essaimage est un facteur qui peut complètement ruiner vos efforts
C’est l’une des compétences les plus utiles en apiculture.
Apprenez à maitriser l’essaimage et vous serez enfin prêt à faire de vraies récoltes de miel!