L’élevage de reines est l’une des parties les plus passionnantes de l’apiculture!
Peut-être que vous aussi vous vous êtes rêvé à devenir éleveur de reines.
Imaginez.
En quelques jours, vous pourriez faire d’un oeuf quelconque, un insecte magnifique capable de pondre jusqu’à 2000 oeufs par jour pendant plusieurs années!
Est-ce que vous ne trouvez pas ça excitant?
La reine, au départ un oeuf comme les autres…
Au départ la reine n’est qu’un oeuf fécondés parmi les autres
Car il existe seulement deux types d’oeufs: les oeufs fécondés qui donneront des ouvrières et des reines, et les oeufs non-fécondés qui donneront des faux-bourdons.
Parmi tous ces oeufs, tous peuvent devenir, soit ouvrière, soit reine, sans distinction
Reine ou ouvrière?
Si la colonie décide que l’oeuf fécondé deviendra une reine, elle bâtira une cellule royale et le nourrira uniquement et abondamment à la gelée royale.
La reine mettra 16 jours à éclore depuis l’oeuf.
Si la colonie décide que l’oeuf fécondé deviendra une ouvrière, la colonie bâtira une cellule de couvain operculé, et nourrira la larve à la gelée royale puis au pollen après trois jours.
L’ouvrière mettra 21 jours à éclore depuis l’oeuf.
Ouvrez bien les yeux.
En bas à gauche, une cellule royale d’essaimage se confond alors que partout ailleurs, il y a du couvain d’ouvrières operculé.
Au départ les oeufs sont strictement les mêmes.
Comment et pourquoi les colonies élèvent les reines
L’élevage des reines est quelque chose de naturel
Pour cela, la colonie fait de longues construction en forme de doigts verticaux: les cellules royales.
Elles sont abondamment nourries à la gelée royale, un super-aliment composé d’acides aminés, de protéines et d’oligo-éléments qui feront d’elles de redoutables pondeuses.
Les colonies déclenchent l’élevage dans 3 cas différents…
Lors d’un essaimage naturel (départ d’une partie de la colonie avec l’ancienne reine).
Pendant un essaimage naturel, la colonie élève plusieurs cellules royales, longues et situées sur les côtés et en-bas du couvain.
Lors de la mort d’une reine (on parle de cellules royales de sauveté).
Après la mort d’une reine la colonie va élever une multitude de cellules royales plus courtes, en agrandissant et en allongeant des cellules de couvain d’ouvrières. Les cellules royales sont cette fois situées au milieu du couvain.
Lors d’une supersédure ou remérage naturel (changement d’une reine trop vielle ou pas assez dynamique).
Les supersédures ont souvent lieu à l’automne. Seulement une ou deux cellules royales longues sont érigées, également au milieu du couvain.
Il est possible de créer un élevage artificiel de reine
Pas besoin d’attendre l’une de ces 3 situations!
Il est possible d’élever artificiellement des reines.
Pour cela vous avez besoin d’au moins deux ruches.
Une ruche souche dans laquelle vous prélèverez les oeufs. Cette ruche doit être une ruche dont la reine a une bonne génétique.Une ruche éleveuse qui se chargera d’élever et d’ériger les cellules royales.
Comment sélectionner une souche
Pour faire une bonne reine, vous devez prélever des oeufs sur une bonne souche.
Vous avez 2 manières d’en avoir une à disposition.
En sélectionnant vous mêmes les meilleures colonies dans votre rucher. Les colonies qui essaiment le moins, qui donnent le plus de miel et qui sont les plus douces sont choisies. C’est ce qu’on appelle la sélection massale.En faisant confiance à un professionnel de l’élevage. Il aura élevé une reine inséminée ou F0 (une reine qui aura été inséminée avec des mâles sélectionnés). Ses filles seront appelées des F1 et ses petites filles des F2.
Une reine inséminée a souvent un numéro sur le thorax pour la traçabilité
Quel âge doit avoir la larve pour devenir une reine
L’âge de la larve est important.
N’oubliez pas que les oeufs, puis les larves qui donneront des reines sont initialement les mêmes.
Puis à un moment donné, elles se différencieront.
Mais si vous prenez une larve trop grosse pour votre élevage, vous donnez le risque d’élever une reine qui avait commencé à se différencier en ouvrière.
Vous donnerez alors naissance à un hybride peu fertile: une pré-reine.
Plus c’est jeune, mieux c’est!
L’idéale c’est prendre une larve de moins d’un jour qui vient d’éclore.
A ce stade, pas de risque de donner lieu à une pré-reine.
Ses besoins en nourriture sont limités donc pas de risque non plus que la larve manque de nourriture pendant les quelques minutes/heures de greffage.
Pour ne pas vous tromper, prenez des petites larves à côté des oeufs.
Car la reine pond de manière concentrique (en cercle).
Du coup, les larves proches des oeufs sont les plus récemment écloses.
Les larves le plus petites sont idéales pour l’élevage. En général la reine pond de manière circulaire, donc plus on va vers le bas, plus les larves sont jeunes. Pour moi les larves idéales à prélever sont tout en bas, à proximité des oeufs car elles viennent d’éclore.
Comment greffer ses larves dans les cupules
Plusieurs technique sont disponibles
Mais une technique populaire et utilisée par les apiculteurs et les éleveurs est celle du picking chinois.
Elle consiste a prélever une petite larve avec une plume en plastique.
La larve est prélevée sans la blesser, pour être introduite dans une cupule.
Le picking chinois est un outil redoutable pour prélever une larve dans une cupule sans la blesser
La larve est à peine visible au fond de la cupule: elle est prête à être introduite dans la colonie éleveuse
Comment élever les cellules royales dans une ruche éleveuse
Passons aux choses sérieuses…
Il est temps d’introduire les cupules dans la ruche éleveuse.
La colonies éleveuse doit être forte et dynamique, avec beaucoup de jeunes abeilles nourricières.
Pour cela, sélectionnez une colonie avec beaucoup de couvain operculé.
La colonie est divisée en 2 partie par une grille à reine.
La grille ne laisse passer que les ouvrières et les faux bourdons mais pas la reine.
A ce moment, la partie orpheline, privée de phéromones royales se met à élever.
Pendant ce temps là, la reine continue de pondre dans l’autre partie pour fournir de jeunes abeilles nourricières.
On appelle ce système: un starter-finisseur ouvert .
Ce système est merveilleux.
Alors que beaucoup d’apiculteurs utilisent 2 ruches distinctes, cette ruche fait du 2 en 1.
La ruche éleveuse est un starter pour amorcer la construction de la cellule royale.
Mais elle est aussi un finisseur qui finira la construction de la cellule jusqu’à son prélèvement.
Une simple grille à reine dressée au milieu de la ruche permet de déclencher l’élevage des abeilles du côté orphelin
C’est magique!
Après un jour, les abeilles cirières bâtissent des amorces de cellules royales…
La larve est abondamment nourrie à la gelée royale.
Elle grossit à vitesse grand V pour atteindre 1000 fois sont poids en 3,5 jours!
Ici, une vingtaine de cellules royales, fixées sur une barrette sont élevées
Après un jour, les amorces de cire sont visibles sur les cellules royales acceptées par la colonie
Quand récolter et introduire la cellule royale
2 écoles s’affrontent…
L’école des J+10 et l’école des J+3!
Qu’est ce que ça veut dire?
Que certains préfèrent prélever les cellules royales 3 jours après le greffage et d’autres 10 jours après le greffage.
Ensuite, les cellules royales peuvent être introduite directement dans une ruche ou un essaim artificiel, orpheliné au moins 3h avant.
Pourquoi je préfère la J+3?
Plus rapide et plus pratique, elle permet de se passer d’une couveuse (parfois utile pour incuber les J+10 avant leur introduction).
Et surtout cette technique permet de faire une rupture de couvain (un moment pendant lequel il n’y a plus de couvain).
A l’opposé, en cas d’introduction d’une J+10, les couvains de la nouvelle et de l’ancienne reine se « superposeront ».
N’oubliez pas qu’une rupture de ponte, c’est une opportunité pour faire un traitement à l’acide oxalique et d’éliminer le varroa!
Une dizaine de cellules J+3 sur barrette, prête pour être introduites en essaim ou en ruche
Après 10 jours, la cellule royale J+10 s’est consolidée et ressemble à une belle morille, elle est prête à être introduite
L’introduction de la cellule royale près du couvain permet de bien chauffer la cellule pour son développement
Conclusion
L’élevage de reines est une discipline plus simple qu’on pourrait le penser.
Pour moi c’est la partie la plus gratifiante de l’apiculture.
Sentir la reine sous ses doigts après quelques semaines d’élevage est magique.
L’élevage de reine n’est qu’une partie de l’équation pour avoir de bonnes colonies.
L’autre partie étant la fécondation dont j’ai déjà parlé grâce à la fécondation dirigée.
Apprendre l’élevage des reines vous permettra sans doute de multiplier avec succès vos essaims ainsi que de renouveler vos reines trop âgées ou trop peu dynamique.
En espérant que vous vous lanciez dans cette aventure, je vous souhaite de bons élevages et de bonnes fécondations!