septembre 24

Comment faire un traitement contre le varroa à l’acide oxalique en été

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Je reçois souvent des récits similaires d’apiculteurs.

Ils ont tous le même problème : leurs abeilles meurent l’hiver.

Et plusieurs ont leur manière bien à eux de traiter le varroa: les huiles essentielles, l’ail, le persil…

D’autres utilisent des méthodes plus conventionnelles à base d’amitraze (bande Apivar). Mais aucun n’utilisait l’acide oxalique…

Trop d’apiculteurs ignorent les effets du varroa

Les recettes de grand mère ne fonctionnent pas.

L’ADAFRANCE avec l’aide de l’ITSAP et de l’INRA a travaillé d’arrache pied pendant 10 ans sur le varroa.

En tout, 40’014 données ont été recueillies.

Et ils ont produit une synthèse, retirée depuis sous la pression des laboratoires pharmaceutiques car elle publiait les résultats d’études de traitements sans AMM.

Elle ne fait jamais mention de l’ail, du persil, de la rhubarbe : oubliez les!

Les huiles essentiels sont mentionnées et se sont révélées « inefficaces sur le terrain ».

Voici comment elle commence…

« Malgré cette reconnaissance de l’impact du varroa, seulement 10% des apiculteurs ciblent le varroa comme cause probable de perte sur leurs colonies.

De la à dire que de nombreux apiculteurs sous-estiment l’influence du varroa sur les pertes de colonies, il n’y a qu’un pas ».

Tous ces dires confirment mon intuition.

Les apiculteurs sous-estiment la nocivité du varroa et de la maladie qui y est associée, la varroose.

Le varroa est un fléau pour la ruche

Si vous trouvez que j’exagère en comparant la varroase à un fléau voyez ce qui arrivera pour une colonie infectée:

Le varroa leur transmettra plus d’une dizaine de virus notamment celui des ailes déformées, présent dans 90% des ruches infectées. Il diminuera la fertilité des faux-bourdons qui féconderont vos reines qui et diminuera la qualité de la gelée royale qui servira à la nourrir ainsi que les larves d’ouvrières. Il diminuera la fertilité des reinesLes nymphes mourront avant leur éclosion.Chaque ruche non-traitée mourra dans les 6 mois à 2 ans qui suivent.Il reviendra chaque année, quoi que vous fassiez.

Les molécules de synthèses sont de moins en moins efficaces

Une étude américaine de 2003, a montré que les varroas résistaient aux molécules de synthèses (amitraze, coumaphos, fluvalinate).

La résistance du varroa à ces molécules n’est pas nouvelle.

Ces traitements étaient très populaires dans le passé mais le sont de moins en moins.

Pourtant, les apiculteurs utilisent en majorité le traitement aux bandes Apivar qui est à base d’amitraze!

Cherchez l’erreur

L’erreur, c’est que le traitement à l’amitraze (Apivar) soit devenu la norme parmi les apiculteurs (c’est le traitement le plus utilisé). Et pourtant:

C’est un neurotoxique puissant pour l’homme.Ce produit est lié à des scandales sanitaires dans les pays en voie de développement. 40% à 70% des cires contiennent des résidus d’amitraze en France. De plus en plus de souches développent une résistance à la molécule qui devient inefficace. Les bandes Apivar coûtent cher (6 euros par ruche et par an).

Vous trouvez ça normal? Moi non!

L’acide oxalique, miracle de la nature

Certaines molécules organiques simples sont le dernier rempart contre le varroa.

L’acide oxalique à l’avantage d’être présent naturellement dans la ruche et le miel.

Le varroa ne présente pas de résistance à la molécule.

Son taux dans la ruche redescend naturellement quelques jours après son application.

Il n’y a aucune augmentation de la teneur en acide oxalique dans le miel.

En appliquant un traitement à l’acide oxalique, c’est comme si vous activiez naturellement un anticorps autorégulant.

L’acide oxalique, est un trésor

Près de 100% du varroa peut être éliminé en 4 jours grâce à l’acide oxalique.

Son efficacité est redoutable.

C’est une arme de destruction massive contre le parasite.

En traitement de fin de saison il permet de déparasiter la ruche pour élever de jeunes abeilles saines avant l’hiver.

Quand utiliser l’acide oxalique?

Deux traitements son nécessaires dans l’année…

L’un en été (juillet-août) et l’autre en hiver (novembre-décembre).

Cependant ces deux traitements sont assez différents…

En hiver le varroa est peu nombreux et plus vulnérable

Car il se produit un arrêt de ponte naturel pendant quelques semaines entre le mois de novembre et le mois de décembre.

A ce moment le varroa est vulnérable car il n’a nul part ou se cacher (le reste de l’année, 80% est dans le couvain).

Un seul passage à l’acide oxalique est suffisant, au vu de la taille de la colonie.

En fin de saison (juillet-août), en revanche, le varroa est au summum de son développement.

Et c’est la que les choses se compliquent..

Son taux de varroa phorétique (VP/100ab) peut atteindre 2 à 5VP/100ab (2 à 5 varroas phorétiques pour 100 abeilles).

Rappel

En saison, près de 80% du varroa se situe à l’intérieur du couvain (sur les larves et nymphes) et 20% en dehors sur les abeilles. Ces varroas sont appelés varroas phorétiques.

La colonie peut être largement infectée.

Si vous n’agissez pas après la récolte, votre ruche est menacée.

Un double traitement à l’acide oxalique couplé à un arrêt de ponte est indispensable.

Voilà pourquoi…

Le varroa est un adversaire redoutable par sa résilience.

La synthèse de l’ADAFRANCE montré que l’utilisation d’acide oxalique en fin de saison en présence de couvain n’avait AUCUNE ACTION sur les varroas phorétiques.

Aucune action? Rien? Même pas un petit peu?

Non!

Traiter en fin de saison sans arrêt de ponte, c’est donner un coup d’épée dans l’eau.

Certains chercheurs ont testé cette solution pour « dégraisser » la ruche en saison avec plusieurs traitements successifs mais sans résultat.

Pourquoi?

Encore une chose que l’on ne sait pas.

Mais on pense que les varroas phorétiques, exposés à l’acide oxalique, pourraient se réfugier dans le couvain ouvert.

Vous devez donc absolument déclencher un arrêt de ponte.

Comment déclencher un arrêt de ponte artificiellement?

La technique est simple et pourtant récente.

Elle a été inventée par nos amis transalpins qui ont créé un outil astucieux : la cage scalvini.

Elle permet de créer un arrêt de ponte artificiel dans la colonie.

Sans tuer la reine.

Avec aucun stress se sa part.

Sans l’empêcher d’être nourrie.

En lui permettant de continuer à pondre dans sa cage.

Mais sans donner lieu à du couvain mature (21 jours) qui, en naissant, pourrait recontaminer la colonie en varroa.

Cette invention est une révolution!

Comment fonctionne la cage scalvini

La cage scalvini est une simple cage en plastique.

Elle possède des barreaux, qui enferment la reine, avec de petites alvéoles au fond.

Des alvéoles qui imitent assez bien les cellules de couvain pour que la reine ponde mais, trop petites pour que la nymphe aille à son terme.

Le varroa n’a pas le temps de se reproduire dans ces cellules de couvain avortées.

Elles sont systématiquement nettoyées après quelques jours.

Dans le même temps, la reine continue de diffuser ses phéromones donc la colonie ne déclenche pas l’élevage d’une nouvelle reine.

cage scalvini

Une cage scalvini ouverte lors de la libération de la reine

Que se passe-t-il se passe dans la ruche pendant l’arrêt de ponte?

En dehors de la cage, le couvain éclos petit à petit chaque jour.

Au bout de 21 jours, le dernier oeuf est devenu une abeille.

Il ne reste plus de couvain…

Tous les varroas sont sous forme phorétique.

Ils sont vulnérables.

C’est le moment d’agir!

Tout le varroa contenu dans le couvain (80%) est libéré.

Le taux de varroa phorétique (VP/100ab) peu alors être multiplié par 3 ou 4, en 21 jours (figure 2).

C’est là qu’entre en jeu votre traitement à l’acide oxalique!

surface de couvain

Figure1 : Surface de couvain dans la ruche

En bleu, pas d’arrêt de ponte

En rouge,  arrêt de ponte de 21 jours en juillet-août grâce à la cage scalvini.

quantité de varroa phorétiques

Figure 2 : Taux de varroa phorétique (en VP/100ab).

En bleu le traitement sans arrêt de ponte avec bandes apivar (amitraze) appliquées pendant 10 semaines à partir d’août.

En rouge le traitement à l’acide oxalique en août avec arrêt de ponte en juillet-août.

NB: Le taux de varroas phorétiques explose littéralement en juillet-août avec l’arrêt de ponte (courbe rouge) car tout le varroa enfermé dans le couvain est libéré. Puis il est anéanti en quelques jours (courbe rouge) alors qu’il faut plusieurs semaines pour éliminer le varroa grâce à l’amitraze (courbe bleue).

Un traitement éclair

Contrairement à un traitement aux bandes Apivar, qui dure plusieurs semaines, ce traitement est dit flash.

Il est extrêmement rapide mais deux passages sont nécessaires à 3 jours d’intervalle (à 21 et 24 jours après l’encagemnt) pour être efficace.

Le traitement est pulvérisé entre chaque cadre par un jet qui perce la grappe d’abeilles : on parle de traitement par dégouttement.

Son efficacité est proche de 100%.

Le varroa est littéralement anéanti.

traitement à l'cide oxalique par dégouttement

Le traitement à l’acide oxalique par dégouttement

Quelle est la recette du traitement à l’acide oxalique?

Je vais vous donner la recette artisanale de l’acide oxalique!

Ce traitement a été développé par des apiculteurs italiens.

Il a été utilisé pendant plusieurs années légalement par les autorités sanitaires.

Depuis peu, il bénéficie d’une AMM (autorisation de mise sur le marché), commercialisé sous le nom d’Apibioxal.

Depuis quelques années, l’utilisation du médicament avec AMM est obligatoire.

Mais je vous donne la recette artisanale telle qu’elle était utilisée à l’époque.

Le sirop préparé est composé d’acide oxalique, de sucre et d’eau.

Pour 1 litre de solution, les quantités sont : 42g d’acide oxalique, 0,6L d’eau et 0,6kg de sucre en poudre.

C’est tout!

Comptez environ 5mL par bande intercadre, soit 50mL par traitement pour une ruche dadant 10 cadres.

Si vous avez peur de la chimie, n’ayez crainte, ce produit se trouve déjà à l’état naturel dans le miel, a rhubarbe et l’oseille par exemple.

rgubarbe qui contient de l'acide oxalique

Des feuilles de rhubarbe contenant de l’acide oxalique naturel

molécule d'acide oxalique

La représentation chimique de l’acide oxalique dihydrate

Comment vérifier si le traitement a été efficace?

Pour vérifier si un traitement a été efficace, vous devez effectuer un comptage varroa avec un gobelet et respecter les seuils à ne pas dépasser.

Est ce que la reine reprend sa ponte normalement après le traitement?

La réponse est OUI!

Il a été montré par la synthèse de l’ADAFRANCE que la surface de couvain atteignait la même surface que le témoin un mois après l’arrêt de ponte provoqué par l’encagement.

Même si vos colonies peuvent sembler diminuées après l’arrêt de ponte vous allez être surpris de voir comment elles se repeuplent rapidement en quelques semaines.

Pour conclure sur l’acide oxalique

La technique que je vous ai donné est une technique de pro.

Vous ne trouverez pas mieux ailleurs!

Et c’est bio!

Alors pourquoi vous priver?

Pourquoi continuer à mettre du poison dans vos ruches alors que la solution se trouve déjà dans la nature?

Quant aux réticents aux traitements, laissez vos ruches sans traitement pendant une saison et revenez me voir l’an prochain.

Je pense que vous aurez changé d’avis…

Je le répète, une colonie non-traitée est condamnée.

Le traitement flash à l’acide oxalique est plus compliqué à mettre en oeuvre mais il est diablement efficace.

Le varroa est un facteur de premier ordre concernant le bon hivernage et la récolte de miel.

Alors que vos collègues ont des taux de perte de 30%, 50% voire 70% de perte, vous pouvez très bien vous en sortir avec 10% de perte à la sortie de l’hiver.

Alors soyez rigoureux, suivez votre infestation et traitez!


Tags

abeille, acide oxalique, faux-boudon, miel bio, reine, traitement, varroa, varroose


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