Nous sommes en hiver.
La saison creuse pour un apiculteur.
Et pourtant…
Une opération est indispensable pour la bonne santé et la survie de vos colonies…
Le traitement d’hiver à l’acide oxalique.
Nombre d’apiculteurs ne le font pas.
Soit par négligence, soit pas ignorance.
Pourtant ce traitement est vital si vous voulez combattre le principal ennemi de l’apiculteur…
Le varroa!
Pourquoi faire un traitement varroa à l’acide oxalique en hiver
Un petit rappel s’impose.
En présence de couvain, le varroa se multiplie sans cesse.
Sa dynamique est exponentielle.
Et en l’absence de traitement, la population de varroa mène à l’effondrement de vos colonies en quelques mois.
Le but de l’apiculteur est simplement de traiter au bon moment et efficacement pour garder une pression en varroa acceptable pour la colonie.
Quand traiter le varroa au cours de l’année
Deux traitements sont nécessaires au cours de l’année.
1. Le traitement d’été à l’acide oxalique (juillet/août) permet de déparasiter la colonie pour élever de bonnes abeilles d’hiver et éviter l’effondrement de vos colonies en automne.
2. Le traitement d’hiver à l’acide oxalique (novembre/décembre) permet de redémarrer la saison suivante avec quasi zero varroas après le redéveloppement automnal du varroa.
Attention!
Que ce soit en été ou en hiver, vous devez faire un traitement à l’acide oxalique en l’absence de couvain.
Les varroas en phase de reproduction dans le couvain (qui représentent 80% du varroa dans la colonie) sont insensibles au traitement flash à l’acide oxalique.
Seuls les varroas phorétiques (les varroas en dehors du couvain, en phase de dispersion dans la colonie qui repésentent environ 20% du varroa dans la colonie) sont éliminés par le traitement.
En été: vous devez déclencher un arrêt de ponte artificiel grâce à la cage scalvini.
En hiver: un arrêt de ponte naturel se produit dont vous pourrez profiter pour traiter.
Figure 2: Surface de couvain au cours de la saison
En rouge, arrêt de ponte dû à l’encagement de la reine en été
En bleu, pas d’arrêt de ponte en été.
Dans les deux cas, l’arrêt de ponte d’hiver se produit naturellement.
Que faire si mon traitement d’été était un traitement à l’amitraze (bande Apivar)?
Le traitement par bandes apivar (amitraze) reste encore le traitement le plus populaire.
C’est un traitement longue durée, effectué sans arrêt de ponte, contrairement au traitement à l’acide oxalique qui est un traitement flash, effectué hors couvain.
Il est très simple.
C’est souvent le traitement recommandé par défaut par les GDSA (Groupement de Défense Sanitaires Apicoles) et les ruchers-école.
C’est donc le moyen de traitement principal chez les amateurs mais peu à peu délaissé par les professionnels au profit du traitement flash à l’acide oxalique.
Selon certains, seulement 2 bandes Apivar disposées en juillet/août pendant 10 à 12 semaines seraient nécessaires pour traiter le varroa, sans traitement hivernal.
Pourtant ce traitement n’est pas ou plus suffisant.
Le traitement est moins efficace qu’avant suite à des mutations du varroa et donne parfois lieu à des résistances importantes.
Quel que soit votre traitement d’été (acide oxalique ou apivar), vous devrez retraiter en hiver à l’acide oxalique pour éliminer les varroas qui se sont redéveloppés à l’automne.
Figure 1: Nombre de varroas phorétiques pour 100 abeilles (VP/100ab) au cours de la saison
En été:
En rouge: traitement varroa flash à l’acide oxalique en août avec encagement de la reine 21 jours avant. Tous les varroas dans le couvain passent en phase de phorésie en quelques jours avec l’encagement de la reine avant d’être éliminés par le traitement.
En bleu: traitement varroa avec Apivar pendant 10-12 semaines. Pas d’arrêt de ponte en été.
En hiver:
Quel que soit le traitement employé en été, l’arrêt de ponte d’hiver se produit.
Un traitement flash à l’acide oxalique en hiver permet d’éliminer presque la totalité du varroa qui s’est redéveloppé à l’automne.
Comment faire un traitement varroa à l’acide oxalique en hiver
En hiver, la quantité d’abeille est drastiquement diminuée.
Elle passe de 50’000 à 10’000, parfois moins…
La grappe d’abeille devient compacte et parfois plus petite qu’un ballon de handball.
Pour traiter, la méthode la plus simple est le traitement par dégouttement.
Comme lors du traitement d’été, il s’agit de pulvériser le traitement grâce à un jet puissant pour percer la grappe d’abeilles et atteindre son centre.
Seulement 5ml (voir 10ml en hiver lorsque la grappe est bien compacte) par bande intercadre (espace entre chaque cadre) sont suffisants.
Tous les varroas phorétiques entrant en contact avec une goutte sont éliminés et tombent.
Sur cette photo, un traitement par dégouttement à l’acide oxalique en été. En hiver c’est la même chose sauf que la grappe est plus petite et plus compacte.
Comment préparer le traitement à l’acide oxalique
Le traitement est seulement composé d’acide oxalique, de sucre et d’eau.
Un sirop 50% sucre 50% eau est préparé alors que 42g par litre de sirop sont ajoutés.
Appliquez le traitement à température ambiante ou tiède lors d’une journée douce en hiver afin d’avoir une grappe la plus dilatée possible.
Attention!
Depuis peu le traitement à l’acide oxalique bénéficie d’une AMM (autorisation de Mise sur le Marché) avec le traitement Api-bioxal.
Par conséquent vous êtes obligé de traiter avec ce produit et ne pouvez plus traiter grâce à un traitement « fait maison ».
Un sachet de traitement Apibioxal
Quand faire le traitement varroa à l’acide oxalique en hiver
La fenêtre de tir est courte.
Mais la période de rupture de ponte se situe souvent entre le 20 novembre et le 20 décembre.
Lors de cette période la colonie rentre en hivernage, la grappe se contracte et se réfugie parfois au milieu de la ruche.
La température passe de 35°C à 15°C au centre de la colonie.
Comment être sûr que l’arrêt de ponte a bien eu lieu
Lors de l’arrêt de ponte, les abeilles se figent presque.
Elles ne sont plus agressives et sont tout engourdies, parfois le dard en l’air.
En tendant l’oreille vous entendrez un léger grincement qu’elles produisent avec leurs ailes.
Généralement ces signes peuvent suffirent à être sûr de la rupture de couvain.
Mais une autre méthode est possible.
En touchant le tapis ou la plaque de bois séparant les cadres du toit, vous pourrez sentir s’il il y a encore de la chaleur.
S’il y a encore du couvain, vous sentirez la température de 35°C qu’elles maintiennent pour les dernières nymphes prêtes à éclore.
Que se passe-t-il si vous traitez en présence de couvain
Présence de couvain= Danger
Les chercheurs s’accordent sur le fait qu’au delà de 50 varroas, la colonie est en danger pour la saison suivante du fait de son développement exponentiel au printemps et en été.
Or, en présence de couvain (même en faible quantité), un chercheur suisse (Willener en 2016) a montré que 20% de se colonies dépassaient ce seuil.
Même en cas de traitement hivernal à l’acide oxalique, les varroas contenus dans le couvain n’auraient pas été atteints et les colonies auraient été en danger.
NB: Willener a aussi montré que contrairement à l’été et au printemps (ou 80% du varroa se trouve dans le couvain), les varroas sont davantage présent hors couvain que dans le couvain en hiver (en cas de présence de couvain).
Dans son étude, seulement 12% des varroas en moyenne se trouvaient dans le couvain, les 88% restant étant en dehors en phase de phorésie (dispersion dans la colonie).
Que faire si l’arrêt de ponte d’hiver n’a pas lieu
Cette situation est de plus en plus fréquente.
A cause du réchauffement climatique, les hivers sont de plus en plus doux.
Si bien que la rupture de ponte est de plus en plus courte, voir inexistante.
En Italie, où les hivers sont plus doux, les apiculteurs sont déjà confrontés à ce problème.
Voici 2 solutions pour être sûr de traiter hors couvain l’hiver.
1. Encager la reine 21 jours puis traiter
2. Faire un retrait de couvain puis traiter. C’est à dire que vous allez ouvrir vos ruche en hiver, puis enlever le couvain restant avant de traiter.
Cependant, cette situation est rare pour le moment, et il est souvent inutile de le faire.
Un encagement grâce à la cage scalvini
Attention!
Les nourrissements tardifs (au sirop mais peut-être aussi au candi) après octobre peuvent stimuler artificiellement la ponte et retarder la rupture de ponte en hiver.
Tâchez de ne pas nourrir trop tard, maximum fin septembre.
Comment savoir si le traitement d’hiver a bien fonctionné
Le mieux est de faire un comptage varroa au printemps suivant (mars/avril).
A cette période un seuil de 1 varroa phorétique pour 100 abeilles (1VP/100ab) est un seuil à ne pas dépasser.
Au delà, celà signifiera que le traitement d’hiver n’a pas bien fonctionné
Conclusion
La rupture de ponte d’hiver est une occasion unique
Elle permet de faire baisser facilement la pression en varroa et redémarrer la saison suivante avec quasi 0 varroa.
En plus faire un traitement d’hiver à l’acide oxalique efficace est facile.
Généralement, inutile d’encager la reine.
Une bonne observation de la rupture de ponte d’hiver est souvent suffisante.